• Mon Caractère •
Pour tout dire, je n‘ai pas le tempérament de feu que l‘on accorde souvent aux italiennes. J’ai la carrure, le physique d‘une latino, mais pas le caractère. Malgré les horreurs que j‘ai vécu, j‘ai su me relever et retrouver le sourire. Toujours enjouée, j‘ai tendance à être parfois trop optimiste, mais qu‘importe, j‘ai appris à apprécier la vie telle qu‘elle me vient et ma bonne humeur ne me quitte presque jamais. Je dis presque car je suis aussi très lunatique, et mes émotions prennent facilement le dessus sur moi. Je m‘emporte très vite, et je suis capable de pleurer trois fois dans la même journée si mes nerfs me lâchent. Je m‘attache très rapidement aux personnes que je croise, et je porte énormément d‘attention à ceux que j‘aime, j‘ai besoin d‘être sans cesse près de mes amis,sans quoi je suis perdue, la solitude étant ma pire ennemie. Une petite tâche noire : je suis extrêmement jalouse et rancunière, et je ne supporte pas de ne pas obtenir ce que je souhaite. Ce trait de caractère me pousse à devenir une manipulatrice hors pair, jouant souvent avec les sentiments des autres, ou bien encore me rendant froide et même cruelle avec les personnes que je n‘apprécie pas - mais rassurez-vous, elles ne sont pas nombreuses. Autre chose ? Hum, je suis devenue au fil de mes péripéties, très méfiante envers les autres, envers les hommes surtout. Les cicatrices d'un premier amour déchu sont toujours présentes, aussi j'ai du mal à être en confiance avec des hommes, quand bien même leur compagnie à proprement parler ne me dérange pas. En bref, la plupart du temps vous me croiserez toujours avec un petit air espiègle sur le visage, un grain de folie dans les yeux, et si vous vous arrêtez vous me trouverez probablement trop bavarde. Oh, une dernière chose : j'ai tendance à être très franche, dans tous les sens du terme. Quelle que soit la chose que j'ai à vous dire, je vous le dirai, et ne soyez pas étonnés si au fil d'une conversation vous m'entendez parler de manière très crue. Je veux bien être polie, mais la gêne et la honte, je ne connais pas.
| • Mon Histoire •
Née un tiède matin d’été, je fus la seule et unique enfant de mes parents. J’ai donc vécu entourée de tout l’amour de mes géniteurs, choyée et adulée comme une petite poupée. Mes parents, issus tous deux de milieux modestes, ont su m’apprendre toutes les valeurs humaines qu’il faut pour devenir une belle jeune femme aimante et emplie de gaité. Je ne me suis jamais plainte de ma condition, je n’ai jamais souhaité monter plus haut dans l’échelle sociale, ma tranquille petite vie me suffisait amplement. Jusqu’à ce que j’en ai assez des études, de ce bourrage de crâne scolaire que j’endurai depuis toute petite. Je savais bien que mes parents désiraient plus que tout au monde me voir réussir des études extraordinaires, major de ma promo et tout le bazar qui va avec, hélas, je n’ai jamais supporté de rester assise, vissée à une chaise, écoutant de vieux professeurs radoter. Je ne voulais pas apprendre la vie de cette manière. C’est donc à l’aube de mes 17 ans que j’annonçais ma décision de tout arrêter. Peu m’importait l’argent, les belles voitures et les dîners mondains dont rêvaient les filles de mon âge. Tout ce à quoi j’aspirai, avec comme modèle les auteurs de mes jours, c’était une petite maison pleine de rires d’enfants, avec un mari qui m’aimerait et vieillirait à mes côtés. Naïf n’est-ce pas ? Quittant le nid familial, je trouvais quelques petit boulots merdiques, qui me permirent d’acheter mon appartement. Une vie parfaitement normale, pour tout vous dire, rien de palpitant. Jusqu’à ce qu’un jour, je croise cet homme ; Lex Ferguson. C’était une soirée entre amies, dans un bar. Tandis que je riais joyeusement, émerveillée par les effets de l’alcool, je le repérais, qui m’observait. Nous dansâmes un peu ensemble, puis, les verres de wisky aidant, nous couchâmes chez lui. Mon premier homme, mon premier amour. J’en suis tombée éperdument amoureuse, et il m’avoua que lui aussi. Il s’installa chez moi, et j’étais à ce moment là, la plus comblée de toutes les femmes de 20 ans. Lex était un homme mystérieux, aux traits angéliques, l’un de ceux qui vous rendent heureuse avec un bouquet de roses, l’un de ceux qui savent pertinemment quels mots vous feront rire ou pleurer. Je nageais en plein bonheur, découvrant avec plaisir les dédales de l’amour. Lex étant bien plus âgé que moi - nous avions 7 ans de différence - je pus apprendre plein de choses grâce à lui. Il m’aida à trouver des jobs moins insalubres, et le soir, lorsque nous allions boire un café à la terrasse d’un bar, il m’exaltait de joie, me parlant d’enfants et de maisons en bord de mer. Nous nous mariâmes rapidement. Mes yeux brillaient d’excitation à chacune de ses paroles. Le voir me gonflait le cœur, le sentir près de moi était devenu essentiel. Il était devenu mon souffle, mon oxygène. J’aurai pu donner ma vie pour lui. Mais l’amour rend aveugle, c’est le dicton n’est-ce pas ? Je ne prêtais pas immédiatement attention aux changements brutaux de comportement de mon aimé. Celui-ci n’avait jamais tout à fait cessé de boire, mais au bout de quelques années, sa consommation s’était amplifiée. Il buvait deux à trois fois plus que lorsque je l’avais connu. Pour quelles raisons, je ne saurai vous dire. A cette époque, je pensais qu’il avait seulement quelques soucis au travail ; maintenant, avec le recul, je sais que c’était son passé qui l’avait rattrapé. Prison, drogues et violence avaient rythmé son enfance. Il me força à abandonner mon travail afin que je puisse m’occuper de l’appartement, et surtout afin de surveiller mes relations avec les autres personnes. L’alcool le dévastait petit à petit, le privant de lucidité, l’obligeant à voir des complots partout autour de lui, piquant des crises d’hystérie quand j’oubliais de faire la vaisselle. Ce fut une véritable descente aux enfers, et mon corps porte encore les dernières cicatrices de cet amour devenu malsain. Je sus que je devais partir loin, loin de lui, quand je me rendis compte qu’il n’y avait plus une once d’amour pour moi dans ses yeux. Ses prunelles s’étaient ternies, devenues vides de vie, scintillant plus souvent de haine que de joie. Lorsque je préparais mes affaires, il me surprit, et, fou de rage, me frappa jusqu’à ce que je perde connaissance. Ce jour-là, je m’éveillais, les lèvres meurtries, et le découvrit, mort, le visage collé au carrelage de la cuisine. Coma ? Très certainement. Quoiqu’il en soit, je n’attendis pas plus longtemps pour me réfugier chez une amie, qui hébergea ce qui restait de moi. Hélas, on ne se débarrasse jamais de nos fantômes, encore moins de ceux qui font mal, de ceux qui nous rongent le cœur, jusqu’à ce que notre âme n’ai plus assez de force pour lutter, et nous laisse ainsi nous enfoncer lentement dans les ténèbres du souvenir. Ces cinq dernières années de paradis qui avait viré au cauchemar restaient gravées dans mon esprit, et j’errais ainsi, dans les rues et dans ma chambre, les yeux dans le vide, le cœur gonflé de remords, ma mémoire trop remplie de souvenirs. Mon amie, voyant que je ne travaillais pas, me jeta à la rue dès qu’elle en eut l’occasion. Je ne rapportais pas un sou et passais mes journées à ne rien faire, perdue dans mes illusions brisées. Ce fut un véritable choc ; imaginez-vous la valise à la main, l’esprit hanté par des fantômes qui ne veulent s’en aller, sans nulle part où se diriger, sans personne à qui s’adresser. Errant dans les rues de Vérone, que je croyais connaître par cœur, je fréquentais les quartiers les plus mal famés ; je découvris avec horreur toute la misère du monde, dans les ruelles sombres où des traînées en manque d’amour se faisaient prendre par des hommes aux vies trop fades. Je m’étais décidée à ne plus jamais approcher un homme, détruite par Lex, il m’avait refilé la haine de la gente masculine. Pourtant, je dus me résigner à me prostituer. Ce fut une dure décision, mais il ne me restait que cela pour survivre. Hélas, je n’y arrivais pas. Je fuyais au premier contact des hommes aux regards pervers, je perdais mes moyens dès que l’un d’eux m’adressait la parole. Un soir, après un nouvel échec, je fondis en larmes contre un mur de briques qui accueillit mon dos avec un bruit sourd. Mon maquillage coula, ma belle robe se froissa. Pourtant, un homme s’arrêta à ma hauteur. Une grosse voiture réservée aux classes supérieures, une fenêtre qui s’ouvre. Je vois un chauffeur, puis les yeux de l’homme qui me regarde, un sourire charmeur dessiné sur le visage, les yeux rendus un peu trop brillants par l’alcool. J’hésite, quelques minutes, mais l’homme me parle, me convainc, et je finis par monter à ses côtés dans la voiture. Il ne semble pas méchant, ni pervers, néanmoins je tremble, mon cœur fragile ne supportant pas le surplus de l’émotion. Il me calme, m’apaise, et je finis par le trouver plutôt sympathique. Je m’efforce de me rendre présentable, étrangement, je ne veux pas lui déplaire. Nous descendîmes de la voiture et il me conduisit dans un parc, m’offrant une promenade plus qu’inattendue. Nous bavardâmes comme de vieux amis, avant de rejoindre un restaurant luxueux où nous buâmes plus que de raison. Tout comme moi, l’homme semblait légèrement perdu, en manque d’affection probablement, et nous nous tissâmes, l’alcool aidant, une réelle complicité. Il me proposa une partie de poker avec quelques uns de ses amis, et je m’empressais d’accepter. Je fus présentée comme sa petite amie, rougissant comme une petite fille devant cet homme qui me prenait peu à peu sous son aile. Cette soirée fut la meilleure que je passais depuis de longues années. J’oubliais ma petite chambre miteuse dans un hotel, j’oubliais mes parents que je n’avais plus revus, j’oubliais le trottoir et ses prostituées, et j’oubliais Lex. Puis vint la nuit, où je me jetais dans les bras de Tony - c’était son nom - comme une âme éperdue, comblant le vide de mon cœur présent depuis trop longtemps. Le lendemain matin, je m’éveillais à ses côtés, scène trop similaire à celle que j’avais vécue avec Lex, ce qui me poussa à me dire que j’étais tombée amoureuse de ce bel inconnu. Encore une fois oui, probablement allais-je me faire avoir, mais qu’importe, ma nature était telle, et j’étais trop vite prise de court par mes sentiments. Soudainement, Tony m’avoua qu’il était le maire de Vérone. Je manquais de m’étrangler tandis qu’il me proposait un poste à la mairie. Je n’hésitais pas une seconde et acceptais ; je serais près de lui, voilà ce qui importait. Je retrouvais donc un appartement, et ne quittais jamais d’une semelle celui qui était devenu mon Tony, Hélas, je dus apprendre à partager : mon bel amant s’est en effet trouvé une petite blondinette qui je l’espère, le comble de bonheur. Je la jalouse, certes, mais je suis certaine qu’un jour Tony reviendra vers moi. Nous sommes faits pour être ensemble, et je sais que désormais, j’ai besoin de lui. |